Entretien avec Olivia Féré, Responsable Mécénat & RSE de Roole

Olivia Féré, Responsable Mécénat & RSE de Roole
11/02/2025

Temps de lecture estimé à 8min

Entretien avec Olivia Féré, Responsable Mécénat & RSE de Roole


« Je crois que le défi du moment c’est de réussir à mettre en œuvre des synergies, à faire converger nos moyens financiers. D’une part, des synergies pour faciliter la recherche de financement des porteurs de projets. […] D’autre part, il faut des synergies pour démultiplier l’impact. »

Tu diriges la Fondation Roole depuis sa création il y a sept ans et tu venais d’un autre métier. Qu’est-ce qui t’a frappée quand tu as démarré ?

Au départ, j’ai été recrutée chez Roole à la communication digitale. En 2018, Roole a créé sa fondation sous égide et je suis devenue déléguée générale début 2019. J’ai été formée et accompagnée par la Fondation de France mais aussi par Pro Bono Lab sur les sujets de mécénat de compétences. Depuis le début, on a envisagé la fondation comme un moyen et non comme une fin : 

  • un moyen pour les salariés de Roole de monter en compétences dans le domaine de la mobilité solidaire 
  • un moyen de créer des partenariats avec les acteurs associatifs experts dans les territoires 
  • et un levier pour créer nos propres services de mobilité solidaire ; Roole se réclamait un “club automobile utile à tous”, il était temps d’incarner concrètement cette promesse. 

Dès le départ, nous souhaitions engager fortement nos collaborateurs, nos partenaires BtoB (les concessionnaires automobiles) et nos clients automobilistes dans nos actions de mobilité solidaire. Nous sommes une entreprise familiale qui compte 349 collaborateurs et l’essentiel de nos efforts porte sur le temps humain alloué à nos actions. Sept ans après la création de la Fondation, on a réussi à mobiliser le maillon collaborateurs : notre ambition était d’allouer 2 jours par mois par personne dès la première année et en pratique on atteint aujourd’hui 1,5 jour par mois pour une trentaine de collaborateurs. On commence maintenant à embarquer nos clients – en testant le recrutement parmi eux de chauffeurs bénévoles pour du covoiturage solidaire avec un test à venir en Bretagne – et nos concessionnaires qui donnent des voitures à notre plateforme Donnezvotrevoiture.org, par exemple. 

Je pose ce contexte parce que lorsqu’on s’est lancés avec cette très forte ambition sur le mécénat de compétences, ce qui m’a le plus marquée c’est qu’il m’était difficile de m’inspirer d’autres mécènes. C’est en arrivant dans le métier que j’ai découvert que certains très gros mécènes pouvaient communiquer sur un très grand nombre d’heures de mécénat de compétences uniquement parce qu’ils engageaient de très nombreux collaborateurs mais sur très peu d’heures individuellement. Or nous on fait exactement l’inverse.  

Globalement, j’ai constaté ces six dernières années que ceux qui prennent le plus la parole ne sont pas nécessairement ceux qui font le plus proportionnellement à leurs moyens. Il y a de nombreux mécènes, plus petits mais très discrets, qui font beaucoup mais dont on ne sait rien. Tout ceci est normal – on ne fait pas du mécénat pour faire de la communication – mais cela rend parfois compliquée l’identification de pairs avec lesquels il pourrait y avoir une inspiration et un enrichissement mutuels.

Quels sont les défis à relever aujourd’hui pour les mécènes d’après toi ?

Je crois que le défi du moment c’est de réussir à mettre en œuvre des synergies, à faire converger nos moyens financiers. 

D’une part, des synergies pour faciliter la recherche de financement des porteurs de projets. Les financements publics et privés fondent et malheureusement on constate que les associations passent de plus en plus de temps, et donc de ressources, à répondre à des appels à projets, à l’issue desquels certains mécènes ne prennent même pas la peine de leur répondre. Résultat : l’énergie et les ressources qu’elles y passent pour survivre ne sont pas dirigées vers le cœur de leurs actions, alors que les listes d’attentes de bénéficiaires ne font qu’augmenter. C’est un cercle vicieux et les mécènes doivent s’emparer de ce sujet.
Avec la Fondation Roole, nous avons récemment mené un appel à projets en commun avec la Fondation BTP Plus du groupe PRO BTP. L’idée c’est que le porteur de projet ne monte qu’un seul dossier de candidature auquel deux mécènes ont accès. Au final nous avons, à deux fondations, financé un peu plus de 389 000 euros. Ce ne sont pas des montants faramineux mais en faisant ainsi, du point de vue des associations, cela signifiait un seul dossier à monter pour deux opportunités de soutien. Concrètement, chaque Fondation a étudié l’ensemble des dossiers et sélectionné ses lauréats avec ses propres critères. Avec la Fondation BTP Plus, tout s’est passé de façon très fluide. Mais j’ai conscience que ce type de partenariat ne fonctionne que si les deux fondations sont alignées. 

D’autre part, il faut des synergies pour démultiplier l’impact. Si je prends l’exemple de notre thématique, la mobilité, elle est adressée par très peu de mécènes alors que c’est un frein qui touche tous les autres enjeux sur 80 % du territoire, dans les zones rurales et périurbaines : c’est un frein au logement, à l’éducation, la formation, l’emploi, la santé… il y a forcément des synergies à trouver pour multiplier notre impact. C’est une thématique méconnue alors qu’elle traite d’un besoin essentiel pour une immense majorité de Français dépendant de leur auto.

Quels sont selon toi les écueils à éviter pour les mécènes et, à l’inverse, les bonnes pratiques à adopter ?

Pour des structures comme la nôtre, qui n’ont pas des millions à distribuer, je pense qu’il faut se concentrer sur des projets pour lesquels l’accompagnement va pouvoir avoir un effet de levier, là encore pour maximiser l’impact. Par exemple, c’est intéressant pour moi d’aller soutenir un porteur de projet qui a besoin d’une solution informatique maligne en matière de mobilité solidaire. C’est à ma portée financièrement et je peux le coupler avec du mécénat de compétences expert et ciblé pour trouver une solution “no code”, pas chère, duplicable, transférable, qui pourra être utile à un maximum de structures, comme par exemple des garages solidaires ou des services de covoiturage solidaire. Mon but est de chercher ces synergies. On ne donne jamais un chèque tout seul s’il n’y a aucune synergie derrière. 

Pour nous c’est assez simple de faire cela parce qu’on a identifié très précisément ce en quoi on pouvait être utiles et efficaces. S’il y a à mon avis un écueil à éviter c’est de se contenter de demander à nos interlocuteurs en quoi on peut les aider. Il faut aussi faire un travail sur soi pour identifier ses atouts en tant que mécène.

En regard, l’autre écueil est de ne pas bien faire le diagnostic des besoins et d’imposer un partenariat à une association qui n’en a ni l’envie ni le temps. Parfois, même avec toute la bonne volonté du monde, c’est contre-productif. Il y a des associations en face, il faut les écouter.

Aujourd’hui, dans ta pratique, quelle est ta boussole ?

Ma boussole c’est le résultat de nos soutiens, d’autant plus qu’ils sont mesurables assez facilement quand on parle de mobilité solidaire : combien de permis de conduire pris en charge, combien de voitures remises en état, combien de chauffeurs bénévoles recrutés… Il ne faut pas s’excuser d’avoir des objectifs chiffrés quand ils sont pertinents. On peut transmettre à certaines associations qui en ont besoin la culture du pilotage de la performance. Il m’est arrivé de ne pas oser demander des bilans mais en réalité, quand on accompagne les porteurs de projets dans l’exercice du reporting, on les outille en même temps et c’est bénéfique pour la suite.

En résumé, à ton échelle, vers quoi as-tu envie de faire tendre ta pratique du mécénat ?

Chez Roole, on est convaincus que l’avenir est dans l’hybridation, les associations seules ne peuvent pas tout et les entreprises non plus. Il y a des solutions à trouver dans les coopérations public/privé/associations. Dans la réalité ce n’est pas simple à faire, ce ne sont pas des coopérations agiles, cela prend du temps… mais quand on y arrive ça peut donner des choses très intéressantes. Et de toute façon, travailler chacun seul de son côté comporte son lot d’écueils aussi. Il faut conjuguer nos forces. Les associations ont des compétences terrain sans lesquelles on ne peut rien faire. Du côté des financeurs, on doit leur alléger la charge de la recherche de fonds en leur proposant des financements pérennes.

Entretien avec Cédric Laroyenne, Directeur Talent & Engagement d’EPSA et Délégué Général EPSA Foundation

Cédric Laroyenne
20/01/2025

Temps de lecture estimé à 6min

Entretien avec Cédric Laroyenne, Directeur Talent & Engagement d’EPSA et Délégué Général EPSA Foundation

« Dans un monde qui se transforme, avec l’appauvrissement des financements publics, les crispations en tout genre, avec le retrait des pouvoirs publics, le rôle du mécénat reste très important. […] Les entreprises doivent continuer à faire en sorte que les acteurs de terrain qui font du lien social au sens large puissent continuer à le faire. »

Quels changements as-tu observés depuis que tu pratiques le mécénat ?

J’ai le sentiment que nous avons passé un certain âge d’or du mécénat. Jusqu’en 2020, il y avait plus de fondations d’entreprises que de départements RSE. Dans les grands groupes, on parlait de mécénat d’un côté et de sujets de responsabilité de l’autre. Les fondations étaient très présentes et tout le monde se battait pour qu’elles ne soient pas perçues comme « la danseuse du président ».

Puis les entreprises ont accéléré le développement de la RSE, les bilans carbone, l’égalité femme-homme, les accords handicap… et en même temps, on a vu l’émergence de B Corp, de la notion de raison d’être, des entreprises à mission. Tout cela cumulé a laissé moins de place au mécénat parce qu’il y a eu un changement dans la tête des dirigeants pour lesquels l’ensemble représente une seule ligne de budget dans laquelle tout doit s’inscrire. Or, d’après moi, la RSE est un “operating model”, c’est-à-dire qu’elle doit décrire la façon dont une organisation opère ses activités. Ce qui est différent de l’intérêt général.

On voit d’ailleurs aujourd’hui beaucoup d’offres d’emploi en RSE et peu en fondations d’entreprise. Je trouve aussi qu’aujourd’hui, les réseaux du mécénat fonctionnent moins bien et que l’on a du mal à ré-accélérer. Il y a peu de jeunes ou de nouvelles recrues qui me parlent de mécénat et d’intérêt général. Et il y a peu de patrons qui privilégient le mécénat. Souvent, on pense d’abord RSE et le mécénat passe après. 

Les grosses entreprises continuent à faire perdurer le mécénat car elles ont les reins solides, mais celles que je vois dans les réseaux de PME sont surtout focalisées sur la RSE et l’argument de la défiscalisation du mécénat ne tient plus. Pourtant, dans un monde qui se transforme, avec l’appauvrissement des financements publics, les crispations en tout genre, avec le retrait des pouvoirs publics, le rôle du mécénat reste très important. En d’autres termes, les entreprises doivent continuer à faire en sorte que les acteurs de terrain qui font du lien social au sens large puissent continuer à le faire. C’est plus important que jamais.

Qu’est-ce qui te paraît plus simple aujourd’hui et, à l’inverse, où sont d’après toi les défis à relever ?

Pour ce qui fonctionne mieux aujourd’hui, je parlerais de la professionnalisation de la relation entre associations et entreprises. On s’est beaucoup améliorés dans le suivi et l’animation des relations. On a les bons interlocuteurs de part et d’autre, et ce n’est pas rien.

Ce qui est plus compliqué, c’est la multiplicité des associations qui agissent sur les mêmes causes. On est sur-sollicités par des porteurs de projets qui font sensiblement la même chose sur les mêmes territoires. Cela génère un éclatement et une ventilation des budgets qui devient un vrai problème. Il y a un mécanisme presque de concurrence entre certaines associations dans des secteurs donnés. Notamment sur l’insertion professionnelle et l’égalité des chances. Il y a de la place pour tous, mais il faut une logique de synergie, voire de fusion, à l’image par exemple d’Article 1. La lisibilité et la coalition des associations sur une même cause est donc un vrai sujet. Dans le même temps, je crois qu’il faut aussi faire grandir les associations locales plutôt que d’essayer de créer ou pousser de nouvelles initiatives, pour éviter de nuire aux projets existants.  

Sur les défis, j’ajouterais un point de vigilance concernant l’utilisation des plateformes d’engagement. C’est très bien que ces outils existent mais il faut faire attention à ce que ça n’empiète pas sur le soutien direct aux associations.

Aujourd’hui, dans ta pratique, quelles sont tes principales préoccupations ? Les questions que tu te poses le plus souvent ?

Il y en a trois. D’abord, est-ce que tel projet sert vraiment : est-ce qu’il répond à une urgence, à un besoin non pourvu (c’est le principe de l’innovation sociale) ou bien est-ce un projet “cosmétique” ? Cette question de l’utilité se pose aussi lorsqu’une association développe un programme qui vient en doublon d’une autre initiative pilotée par un autre acteur au lieu de s’allier à ce dernier. Dans ce cas là, le projet ne sert pas puisqu’au contraire il va diluer les budgets consacrés à une même cause. Ensuite, la deuxième question que je me pose c’est : est-ce que je crée une réponse palliative ou une réponse systémique ? Et enfin, quels sont les autres mécènes à mes côtés si je soutiens tel projet ? Très franchement, aujourd’hui, je ne serais pas sûr de continuer avec des associations soutenues par certains mécènes, pour des raisons éthiques. Dans un monde où tout se politise, je ne suis pas à l’aise avec certains partenariats.

Au-delà de ces trois questions qui me servent de boussole, je dirais qu’il faut aussi se faire confiance un peu plus, sans trop se poser de questions sur la mesure d’impact. On parle d’humain, et puisque le mécénat n’est justement pas la même chose que la RSE avec des obligations de mesures chiffrées, profitons-en pour se faire confiance aussi.

En résumé, à ton échelle, vers quoi as-tu envie de faire tendre la pratique du mécénat ?

Une chose très simple : dans une période où l’on parle beaucoup de l’imposition des entreprises, je serais très à l’aise pour dire qu’une entreprise qui fait tant de bénéfices doit mettre tant d’argent dans le mécénat. Ce serait un peu comme le mécanisme de la taxe d’apprentissage, avec un pourcentage de la masse salariale. C’est peut-être utopiste, mais cela donnerait du sens aux taxes que l’on paie.
Chez Epsa, pour le renouvellement d’Epsa Foundation en 2026, on pense d’ailleurs à instaurer un ratio avec une logique de don fixé dans le marbre, sur le même principe que « 1 % pour la planète ».

Entretien avec Dalila Habbas, déléguée générale du Fonds de dotation Biocoop

Dalila Habbas, déléguée générale du Fonds de dotation Biocoop
16/12/2024

Temps de lecture estimé à 9min

Entretien avec Dalila Habbas, déléguée générale du Fonds de dotation Biocoop


« Je crois plus que jamais qu’il faut être dans la société du lien et cela ne peut passer que par un mécénat collectif à dimension locale, en phase avec les besoins des territoires, en concertation avec l’ensemble de leurs parties prenantes. »

Quels changements as-tu observés depuis que tu pratiques le mécénat ?

Je relève que la philanthropie est davantage considérée au sein des entreprises aujourd’hui. Le mécénat a dépassé le simple cadre de la communication d’entreprise pour entrer dans le management stratégique. À mes débuts, j’ai travaillé dans une agence de conseil en mécénat et nos interlocuteurs étaient souvent les directions de la communication.

Désormais, je constate de plus en plus que le mécénat d’entreprise s’inscrit dans une stratégie globale et il est de plus en rattaché à la Présidence ou la direction générale. Chez Biocoop, le Fonds de dotation est né de la volonté du conseil d’administration de formaliser ses engagements sociétaux. Dès lors, chaque plan stratégique du Fonds de dotation Biocoop est une déclinaison philanthropique de la stratégie globale de l’entreprise. 

Je note aussi une autre évolution ces dernières années : la montée en puissance des thématiques d’action sociale mais aussi d’environnement et de climat, même lorsque ces dernières ne sont pas dans l’ADN de l’entreprise mécène.

Et puis on a vu le développement du mécénat de compétences avec des politiques d’engagement des collaborateurs à différents niveaux et de différentes manières, les plateformes d’engagement se sont développées, jusqu’à consacrer le mentorat Grande cause nationale 2023.

D’après toi, quels enjeux rencontrent aujourd’hui les structures de mécénat en termes de fonctionnement ?

Pour les grosses fondations qui soutiennent de très nombreux projets, il faut une équipe avec de nombreux effectifs. À l’inverse, pour des fondations d’entreprises type PME/ETI, il faut un appui externe avec des prestataires si on a le budget, être particulièrement efficients, mais aussi avoir des processus qui permettent de s’appuyer sur des personnes ressources en interne. C’est notre cas au Fonds de dotation Biocoop. L’une des questions à se poser est notamment : “comment mobiliser le conseil d’administration ?”. Au-delà des compétences opérationnelles de l’équipe, il y a un vrai sujet de montée en compétence de la gouvernance. 

Si je prends notre exemple, nos administrateurs disposent de 6 jours par an pour se consacrer au Fonds de dotation Biocoop. Ces derniers sont formés au mécénat et à l’intérêt général dans le cadre de séminaires d’intégration. D’autre part, tous les plans stratégiques ont été co-construits avec notre gouvernance. Concrètement, nous organisons des séminaires stratégiques qui comprennent à la fois des rencontres inspirantes avec des porteurs de projets et des séances de travail sur les priorités du Fonds, la construction de la feuille de route… Ce processus simplifie ensuite l’instruction des projets, à laquelle certains administrateurs participent. Nous sommes une coopérative et cette implication est dans notre ADN, notre culture d’entreprise, nous avons l’habitude de fonctionner ainsi. Je crois vraiment que c’est une bonne pratique à dupliquer dans d’autres entreprises.

Quels sont selon toi les écueils à éviter pour les mécènes et, à l’inverse, les bonnes pratiques à adopter ?

Je pense qu’il faut éviter le seul “saupoudrage” de nombreux petits dons à de nombreux projets qui est généralement très peu utile ou impactant pour la société. Au contraire, mieux vaut des modes d’action mixte. Cela signifie s’appuyer sur des appels à projets pour soutenir de petits projets locaux – car il y a une nécessité à laquelle il faut répondre – et combiner cela avec des partenariats pluriannuels et renouvelables, pour offrir de la visibilité aux porteurs de projets, qu’ils soient petits ou gros. 

Globalement, les mécènes doivent aussi avoir conscience de la réalité du quotidien des porteurs de projets, et notamment du besoin de soutien financier non fléché qui peut aller vers du soutien au fonctionnement. Cela peut par exemple se traduire par un pourcentage de la dotation dédié au fonctionnement. Pour ma part, avoir travaillé du côté des associations me permet de mieux saisir leurs problématiques. 

Enfin, concernant l’évaluation d’impact social, je pense qu’elle est utile pour mettre en place des indicateurs, fixer des caps, accompagner la montée en compétences et la professionnalisation, mais qu’elle ne doit pas servir d’outil de contrôle des associations soutenues. 

Concrètement, sur quoi souhaites-tu mettre l’accent en tant que mécène dans le soutien aux porteurs de projets ?

Sur la co-construction, basée sur une relation de collaboration et de confiance. Au Fonds de dotation Biocoop, nous sommes à la fois distributeurs et opérateurs. Pour nous, il s’agit de s’appuyer sur l’expertise d’un acteur de l’intérêt général et de co-construire, en associant les parties prenantes de l’entreprise, pour répondre ensemble à une problématique sociétale. 

Un exemple concret sur la thématique de la précarité alimentaire : nous nous sommes appuyés sur un réseau régional d’épiceries sociales et solidaires, le GESRA, et nous nous sommes mis autour de la table avec leurs bénéficiaires, leurs équipes et celles de nos magasins pour co-construire deux programmes expérimentés en région avant un déploiement sur tout le territoire national au profit d’autres structures de solidarité alimentaire. Le but était de donner accès à une alimentation bio et de qualité aux personnes en situation de précarité et ce processus nous a permis de créer les programmes “Bio vrac pour tous” et “Collecte bio solidaire”.

Où sont les défis sociétaux à relever aujourd’hui pour les mécènes ?

La société actuelle connaît de nombreuses tensions, les inégalités s’accroissent toutes simultanément et c’est ce qui doit orienter la stratégie des fondations et fonds de dotation. Dans un contexte économique dégradé, avec un risque de baisse des subventions accru, les mécènes doivent accroître encore plus leur soutien à des actions qui se recentrent sur les besoins et enjeux fondamentaux : pouvoir se nourrir sainement, se soigner, travailler, se loger, se chauffer, l’égalité des chances et l’accès à l’éducation pour tous, et faire face aux impacts du changement climatique… 

Sur ce dernier point, le Fonds de dotation Biocoop considère qu’il n’y a aucune différence entre justice sociale et justice climatique. D’où la nécessité de soutenir des associations mobilisant les jeunes générations et agissant en ce sens comme Alternatiba, le mouvement citoyen pour le climat et la justice sociale, ou Banlieues Climat qui mène des actions autour des questions de la transition écologique et de la crise climatique auprès des habitantes et habitants de quartiers populaires. La philanthropie doit se mobiliser aux côtés de ces jeunes pour encourager leurs initiatives, renforcer leur pouvoir d’agir et construire un avenir durable.

Enfin, le nouveau défi sociétal pour les mécènes est la crise démocratique. En effet, la crise politique en cours a fait la démonstration de l’urgence démocratique.

Rares sont les entreprises et leurs dirigeants à s’être exprimés ouvertement pour appeler à empêcher la possible arrivée de l’extrême droite au pouvoir. En amont des dernières élections législatives, la coopérative Biocoop, par la voix de son conseil d’administration, a appelé à voter contre l’extrême droite sans donner une consigne de vote en faveur d’un autre mouvement.

La montée des populismes partout en Europe est dangereuse pour le modèle de société que l’on veut défendre chez Biocoop, un modèle de société plus juste et plus équilibré pour la planète. 

Aussi, face au risque de plus en plus prégnant, ce sont des réflexions sur lesquelles nous, mécènes, devons nous questionner. Il ne s’agit pas ici de permettre aux mécènes de financer la vie militante ni les partis politiques. Il s’agirait de financer des structures associatives, ONG apartisanes et d’intérêt général dont l’objet est l’innovation et la réflexion démocratique.

En résumé, vers quoi as-tu envie de faire tendre la pratique du mécénat ?

Je crois plus que jamais qu’il faut être dans la société du lien et cela ne peut passer que par un mécénat collectif à dimension locale, en phase avec les besoins des territoires, en concertation avec l’ensemble de leurs parties prenantes. Par ce mécénat, les entreprises se questionnent sur leur impact sur leurs territoires d’implantation. Cela s’inscrit dans la notion de responsabilité territoriale des entreprises (RTE) qui, à la différence de la RSE, repose sur l’action collective et la coopération avec les acteurs de l’écosystème local. La RTE comporte également l’idée d’une recherche du bien commun d’un territoire par l’entreprise.

Dans ma pratique du mécénat, je le constate avec les magasins Biocoop qui sont de puissants leviers de solidarité. Répartis sur l’ensemble de l’hexagone, ils sont fortement engagés dans les actions du Fonds de dotation afin de proposer des solutions aux besoins sociaux locaux. 

J’accorde aussi beaucoup d’importance au plaidoyer notamment pour influencer le débat public, faire évoluer la législation sur les causes que nous soutenons. C’est ce que nous essayons de faire au Fonds de dotation Biocoop en portant un plaidoyer sur la lutte contre la précarité alimentaire et pour l’accès à une alimentation bio et de qualité pour tous. L’enjeu pour nous est de transformer la vision de l’aide alimentaire, notamment en introduisant de nouvelles pratiques en passant de la récupération de produits à une alimentation choisie (décorréler la lutte contre la précarité alimentaire de celle contre le gaspillage) et en nous engageant, pour toutes nos collectes bio solidaires opérées dans nos magasins, à reverser 100% de notre marge à nos associations partenaires. L’enjeu pour nous est que cette pratique soit généralisée à l’ensemble des distributeurs. 

Nous évoquons également une sécurité sociale de l’alimentation, réflexion portée en France par différents acteurs depuis 2017 pour la création de nouveaux droits sociaux visant à assurer à la fois un droit à l’alimentation pour tous, des droits aux producteurs d’alimentation et la protection de l’environnement.

Par cette RTE et ces actions de plaidoyer, l’objectif pour nous mécènes est de proposer des solutions aux grands enjeux du 21ème siècle. Et, en tant qu’acteurs de l’économie sociale et solidaire, je pense que nous en avons la légitimité. 

Entretien avec Romain Le Chéquer, Directeur de la Fondation Pierre Bellon

Romain Le Chéquer, directeur de la Fondation Pierre Bellon
7/11/2024

Temps de lecture estimé à 7min

Entretien avec Romain Le Chéquer, Directeur de la Fondation Pierre Bellon


« On ne doit pas oublier qu’il n’y a pas de fondations ou de structures philanthropiques quelles qu’elles soient s’il n’y a pas d’associations. Ce sont nos partenaires naturels, pas uniquement des récipiendaires. »

Que t’a apporté ton parcours dans le secteur associatif et qui te sert aujourd’hui dans ta pratique du mécénat ?

De l’expérience terrain. De la mise en œuvre de projets. C’est ce qui m’a permis de vivre très concrètement – par le “faire” et quotidiennement – l’action au sein d’une association/ONG. Cela m’a donné une compréhension du travail associatif, de son ambition, de son énergie mais aussi de ses difficultés, qui sont nombreuses. 

Concrètement, mon travail chez Planète Urgence m’a d’abord permis de voir et de vivre l’engagement au quotidien. Aujourd’hui, cela me permet de comprendre mes interlocuteurs, leur envie de faire avancer un projet, de poursuivre une mission, de changer les choses. Ensuite, j’ai pu assimiler les enjeux organisationnels des associations. Ils sont très complexes et de plus en plus prégnants, notamment en termes de management avec des problématiques de turnover, des demandes de salariés qui ne trouvent pas toujours de réponses en raison des contraintes de moyens, etc… J’y ai vécu des crises financières aussi, ce qui me permet de comprendre voire de conseiller quand une association me dit qu’elle a des problématiques financières.

Ce lien avec les réalités du monde associatif me permet d’avoir un langage commun avec mes interlocuteurs – parce que nous avons une “expérience commune” – et d’être dans la compréhension tout en étant exigeant. Cela crée les conditions pour que chacun soit transparent, cela évite les zones d’ombre et ça me permet aussi de lire entre les lignes.

Connaissant ce monde associatif de l’intérieur, quels sont pour toi les écueils dans lesquels il ne faut pas tomber en tant que mécène ?

Le premier écueil que je trouve inacceptable est de refuser de prendre en charge les frais de structure. Ensuite il y a le sujet de la proximité : on ne doit pas oublier qu’il n’y a pas de fondations ou de structures philanthropiques quelles qu’elles soient s’il n’y a pas d’associations. Ce sont nos partenaires naturels, pas uniquement des récipiendaires. On ne doit donc pas tomber dans les injonctions, que ce soit pour le reporting ou la temporalité. L’injonction n’est pas un mode de communication, ça ne marche pas comme ça. Être dans une relation de partenariat implique de considérer qu’on est des maillons de la même chaîne, qu’on poursuit le même objectif, même si on n’active pas les mêmes outils. En résumé, dans ma pratique j’essaie de ne pas être dans des demandes verticales.

Cette notion de partenariat est d’autant plus importante que nous sommes dans un environnement dynamique, qui bouge et change en permanence. On ne peut donc pas se contenter de se reposer sur ce qui a été fait, il faut s’adapter en permanence.

Qu’est-ce qui t’inspire, qu’est-ce qui est important dans la posture du mécène d’après toi ?

C’est la mosaïque des pratiques que j’observe qui m’inspire. Et le savoir-être de certaines personnes. Notre métier a une forte dimension relationnelle et c’est quelque-chose à cultiver, à travailler à la fois au sein de notre organisation et avec les porteurs de projets… Avoir de la curiosité et une posture de découverte est très important, cela fait partie de notre travail. 

Je dirais aussi que se questionner, être cohérent, être à l’écoute sont des choses essentielles et qu’il faut intégrer dans le fonctionnement de nos organisations philanthropiques. Un exemple concret : je crois qu’il faut faire une place au secteur associatif dans la gouvernance, ce qui est d’ailleurs le cas à la Fondation Pierre Bellon.

Dans nos pratiques, il doit aussi y avoir une logique de rencontre. On doit aller sur le terrain, ne pas rester dans nos bureaux, rencontrer les chefs de projets associatifs et ceux que j’appelle les “premiers concernés”, les bénéficiaires. Bref aller voir ce qui se passe concrètement sur le terrain. Et parallèlement, aller à la rencontre de l’écosystème, des autres fondations, des pouvoirs publics. Le réseau et la réflexion collective sont primordiaux dans notre métier.

Enfin je crois qu’il faut pratiquer le “knowledge management” en interne pour progresser sur les enjeux sociaux que l’on choisit d’attaquer. 

Concrètement, sur quoi souhaites-tu mettre l’accent en tant que mécène dans le soutien et l’accompagnement des porteurs de projets ?

Sur l’écoute. Cela passe par du temps passé : qu’il s’agisse de temps un peu long passé sur les instructions de dossiers, le fait d’aller sur le terrain, faire des enquêtes à destination de nos partenaires existants pour générer des remontées et aller plus loin dans nos réponses à leurs besoins… Cela passe aussi par la régularité du lien, que ce soit le lien formel ou informel, pour se connaître et créer la confiance mutuelle.

Très concrètement, ces choses-là se déclinent en parallèle des partenariats financiers pluriannuels pour répondre à d’autres besoins, par exemple avec des formations collectives, des cycles de co-développement, des rencontres annuelles, de la mise en lien, du conseil sur un point stratégique, etc.

Je parlais du temps passé : il ne faut pas oublier que pour faire tout ceci, il faut donner aux salariés de nos organisations le temps de répondre de façon qualitative aux partenaires associatifs.

Quels sont tes principaux questionnements sur le métier ?

Pour moi, le sujet N°1 en ce moment c’est la légitimité du financement privé. Je le résumerais en deux interrogations : “comment on travaille” et “comment on se questionne en permanence sur la légitimité de nos organisations philanthropiques privées”, dans un contexte marqué par la hausse des inégalités, les défis sociaux et environnementaux, etc.

La légitimité du financement privé passe à mon avis par plusieurs choses. D’abord avoir une posture d’apprentissage : être bien en lien avec les problématiques sociales et environnementales implique de la veille mais aussi de la formation, pour ne pas creuser le fossé entre les structures qui financent et celles qui mettent en œuvre.
Ensuite, être exemplaire, cohérent et aligné.
Enfin, en tant que financeurs privés, on a des motivations et des moteurs différents mais on répond aux mêmes acteurs et donc on doit se parler, de façon pragmatique, pour ne pas être seuls sur les sujets complexes qu’on aborde.

Plus personnellement, la question que je me pose le plus souvent c’est : est-ce que j’ai la bonne posture, auprès du bon interlocuteur, au bon moment, avec le bon sujet de discussion ? Ça évite à mes interlocuteurs de perdre leur temps.

En résumé, à ton échelle, vers quoi as-tu envie de faire tendre la pratique du mécénat ?

Pour ce qui concerne la Fondation Pierre Bellon, nous visons une organisation la plus ouverte possible sur les enjeux de ses parties prenantes que sont la gouvernance de la fondation, l’équipe opérationnelle et évidemment les partenaires associatifs. Décloisonner et être dans une logique de rencontre, c’est être en phase avec l’ADN de notre fondation basée sur l’humain.

De manière générale, je crois que les structures philanthropiques doivent à la fois être très professionnelles – avec des outils, des process – et guidées par des motivations authentiquement désintéressées. Sans oublier que c’est un métier relationnel et qu’on est dans le lien social. Il ne faut jamais perdre de vue ce principe fondamental pour toujours se poser les bonnes questions. 

Entretien avec Mathilde Lerosier, directrice du mécénat et des fondations – AG2R La Mondiale

Mathilde Lerosier, Directrice du mécénat et des fondations chez AG2R LA MONDIALE
7/10/2024

Temps de lecture estimé à 6min

Entretien avec Mathilde Lerosier, directrice du mécénat et des fondations – AG2R La Mondiale

« Un projet de mécénat n’est jamais le même. Avoir 20 partenaires, c’est entretenir 20 relations différentes. Le danger serait de se reposer sur les process. Il ne faut surtout pas oublier d’investir les relations. » 

Quels changements as-tu observés depuis que tu pratiques le mécénat ?

Il me semble que dans notre domaine, tout a changé pour le mieux. C’est un secteur extrêmement dynamique, à la croisée du monde de l’entreprise d’un côté et de celui de l’intérêt général et des associations de l’autre. Ces deux mondes ont eux-mêmes changé et la façon dont ils se perçoivent l’un l’autre a évolué positivement. 

Du côté des entreprises, ce qui me frappe le plus c’est que le mécénat financier s’enrichit désormais souvent de toute l’expertise que l’entreprise peut apporter, alors qu’on se l’autorisait moins auparavant. 

Aujourd’hui, le mécénat est la plupart du temps vraiment assumé comme un projet d’entreprise. Et ça, c’est intéressant à la fois pour le mécène et pour les structures bénéficiaires. Combiné à une meilleure compréhension, de la part des mécènes, et une vraie appropriation et parfois un partage des sujets portés par les acteurs de l’intérêt général, cela a permis de mettre en place un dialogue efficace avec les associations. Les professionnels du mécénat sont aujourd’hui véritablement un pont entre les deux mondes.

Du côté des porteurs de projets, ce qui me frappe le plus est le corollaire de tout cela : la façon dont nous discutons vraiment en partenaires. Nous ne sommes plus vus uniquement comme des soutiens financiers, nous pouvons pour eux être intéressants à écouter.

D’ailleurs, pour moi, on ne fait bien du mécénat que si l’on sort d’une vision manichéenne avec d’un côté celui qui lève des fonds et de l’autre celui qui donne de l’argent. La professionnalisation de notre secteur et de nos métiers ne doit pas nous cantonner à des rôles fermés.

Qu’est-ce qui te parait plus simple aujourd’hui et, à l’inverse, où sont les défis à relever ?

Les relations sont plus simples aujourd’hui parce qu’il y a moins de méfiance vis-à-vis des mécènes. Avec la professionnalisation de notre métier, les interactions sont aussi plus fluides. C’est positif mais c’est aussi un défi parce qu’on pourrait être tentés de s’en tenir à cela. Or je crois qu’il faut toujours aller plus loin : un projet de mécénat n’est jamais le même, chaque relation entre une entreprise et une association est spécifique. Avoir 20 partenaires, c’est entretenir 20 relations différentes. Le danger serait de se reposer sur les process. Il ne faut surtout pas oublier d’investir les relations. 

Cette fluidification de nos relations a aussi une incidence sur les porteurs de projets parce que, tout en étant dans une logique de respect des projets, les mécènes veulent aussi aller plus loin et être contributeurs. Les mécènes ont plus d’attente, le niveau d’exigence ne cesse d’augmenter.

Aujourd’hui, dans ta pratique, quelles sont tes principales préoccupations ? Les questions que tu te poses le plus souvent ?

Je m’intéresse beaucoup à la place qu’occupe le mécénat dans l’entreprise, et en particulier à l’articulation avec la RSE. Je crois qu’on n’en a pas fini avec le sujet et la façon dont il peut évoluer, pour que notre travail soit véritablement pensé en transversalité à l’échelle du groupe. Ce qui peut me préoccuper, c’est le risque d’enfermer le mécénat alors qu’il y a encore beaucoup de choses à imaginer. Nous sommes très encadrés fiscalement, certes, mais nous devons continuer à être créatifs, renouveler les façons de faire vivre l’intérêt général. Il me semble intéressant de continuer à réfléchir à nos articulations internes avec la RSE par exemple, mais il faut aussi parfois savoir sortir des débats « conceptuels » pour être dans l’action et essayer de nouvelles choses. Les projets et l’opérationnel nous disent déjà beaucoup sur la nécessité de mieux collaborer et la façon de le faire pour être efficace.

Dans la même logique, je pense qu’il faut faire exister le mécénat dans des endroits où il n’est pas, trouver où il peut se nicher dans l’entreprise. Cela peut être, par exemple et de manière assez évidente, via le mécénat de compétences. L’important est de partir des besoins des associations mais nous pouvons aussi les accompagner dans leur capacité à avoir de nouvelles ambitions. Pour cela, à nous de bien connaître le projet associatif pour voir comment être de bons connecteurs et agir intelligemment. Et ceci est gagnant-gagnant, car aider des projets d’intérêt général à aller encore plus loin est aussi très bénéfique pour nos collaborateurs : cela les met en confiance, valorise leur expertise, leur permet de voir les choses et notamment leur métier sous des angles différents. En conséquence, c’est l’entreprise entière qui s’en voit un peu grandie.

En résumé, à ton échelle, vers quoi as-tu envie de faire tendre la pratique du mécénat ?

Où que soit positionné le mécénat dans l’entreprise, ma conviction est qu’il doit être à un endroit où le dialogue avec les dirigeants est possible, pour qu’ils puissent s’en nourrir. 

Aujourd’hui, dans beaucoup de nouveaux modèles le mécénat est une incarnation du projet d’entreprise, de sa philosophie, de l’ADN du groupe, beaucoup mieux connecté aux métiers et aux collaborateurs. C’est d’ailleurs ce que nous essayons de faire chez AG2R LA MONDIALE avec deux fondations d’entreprises, dans les domaines de la culture et de la solidarité qui illustrent chacune à leur manière notre raison d’être.

Le mécénat n’est pas une récréation, ni un bout de fil que l‘on récupère pour le redistribuer. Aujourd’hui, nous sommes nombreux à penser qu’il peut contribuer au développement de l’entreprise. Pour cela, il doit être à la bonne place pour être correctement « connecté », dans le dialogue, avec l’entreprise ou le Groupe et ses réalités. L’enjeu est donc aujourd’hui de revendiquer cette place et de continuer à l’inventer.

Accompagnement d’un appel à projets consacré aux océans

18/07/2024

Temps de lecture estimé à 3min

Accompagnement d’un appel à projets consacré aux océans

Mirova Foundation a dévoilé récemment les trois lauréats de son appel à projets « Océan et Climat : Transformer les pratiques et changer les comportements ». L’équipe Assemble a accompagné Mirova Foundation depuis l’ingénierie jusqu’au processus de présélection.

L’appel à projets « Océan et Climat : Transformer les pratiques et changer les comportements » se concentrait sur trois domaines clés : développer une économie océanique durable et équitable, accroître la résilience des communautés face aux risques océaniques, changer la relation de l’humanité avec l’océan.

Les trois lauréats choisis par Mirova Foundation sont : 

  • Pleine Mer, qui contribue à une transition durable dans le secteur de la pêche et dont le projet « Mer de Liens » favorise des techniques de pêche durable et soutient les petites flottes artisanales ;
  • UNDER THE POLE, qui explore et sensibilise à l’importance des forêts marines mésophotiques (située entre 30 et 200 m de profondeur) dans la régulation du climat ;
  • Coral Guardian, qui œuvre avec les communautés locales pour restaurer et protéger les écosystèmes coralliens, essentiels face au changement climatique.

Le soutien financier total s’élève à 500 000 € répartis entre les 3 lauréats, qui bénéficieront également d’un accompagnement extra-financier personnalisé durant 3 ans.

Animation d’une journée dédiée à la présélection des projets

L’équipe Assemble a accompagné cet appel à projet lors de ses différentes phases, depuis l’ingénierie et la mise en forme des différents outils (dossier de présentations, dossier de candidatures…), jusqu’à la préparation et l’animation d’une journée d’analyse des projets reçus par le Comité d’engagement de Mirova Foundation.

Cette journée dédiée à la présélection des projets par les membres du Comité d’engagement de Mirova Foundation – 11 collaborateurs et collaboratrices de Mirova – s’est déroulée en présentiel à La Caserne à Paris. Au-delà du travail en groupes, elle a été l’occasion pour les membres du Comité d’engagement de bénéficier du partage d’expérience d’un autre mécène, grâce à l’intervention de Romain le Chéquer, directeur de la Fondation Pierre Bellon, et de l’éclairage scientifique de Philippe Cury, spécialiste de la pêche et directeur de recherche à l’IRD (Institut de recherche pour le développement).   

Fort de ses inspirations, chaque groupe a étudié l’ensemble des dossiers retenus par l’équipe de Mirova Foundation, qui avait préalablement instruit chaque candidature reçue. Puis, les groupes ont mis en commun leurs observations pour dresser ensemble une liste finale de 5 candidats qui ont été présentés au Conseil d’investissement consultatif puis au Conseil d’administration de Mirova Foundation.

Ce processus a permis de s’appuyer dans un premier temps sur l’expertise de l’équipe de Mirova Foundation, pour permettre aux membres du Comité d’engagement de s’investir de façon ciblée et concentrée dans le temps. Cette journée présentait aussi l’avantage de favoriser des échanges plus riches en étudiant collectivement et plus en profondeur chaque dossier.

Un exemple de communication au service de projets d’intérêt général expérimentaux

Communication Fondation des solidarités urbaines
15/07/2024

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Un exemple de communication au service de projets d’intérêt général expérimentaux

La Fondation des solidarités urbaines, notre client depuis 2019, a diffusé la première saison de son podcast  “Ville solidaire, ville durable”. Cette série est l’une des briques d’un plan de communication multi-supports accompagné par Assemble depuis la conception éditoriale jusqu’à la diffusion.

Depuis début 2024, Assemble a accompagné la Fondation des solidarités urbaines pour la conception éditoriale, la réalisation et la diffusion : 

  • d’un webinaire sur la biodiversité en milieu urbain avec la Fondation AgroParisTech, soutenue par la Fondation des solidarités urbaines pour sa recherche-action sur la biodiversité et les services écosystémiques liés aux toitures végétalisées en milieu urbain ;
  • du N°1 des Cahiers de la Fondation des solidarités urbaines intitulé Se réapproprier l’espace urbain, mettant en lumière les projets “Assise inclusive” de l’association La Cloche et “Rue de la Solidarité” de l’association D2L, l’Éternel solidaire (N°2 à paraître en septembre) ;
  • de la saison 1 (8 épisodes) du podcast “Ville solidaire, ville durable”, qui donne la parole aux acteurs de terrain et chercheurs lauréats du tout 1er appel à projets de la fondation (Batik International, Basiliade, FASTI, Carton Plein, GRDR, Wake up Café, SNC et Helebor), mené en 2020 et dont le thème était « Lutter contre l’isolement des personnes fragiles ».

Ce plan de communication est le fruit d’un travail d’équipe rassemblant les expertises de plusieurs partenaires, notamment Impact Productions pour la réalisation des podcasts, Charlotte Quoy pour la création graphique, Noemi Stella, docteure en sociologie, pour la rédaction des cahiers thématiques, Message Clé pour les relations presse et la diffusion sur les réseaux sociaux qui accompagnent cette séquence de communication… 

Pourquoi une stratégie de communication sur des projets expérimentaux ?

Ce dispositif, qui marque une pause estivale et reprendra à la rentrée, n’est pas de la communication arbitraire. Il vise un objectif bien précis : inspirer d’autres acteurs de l’innovation sociale et urbaine.

En effet, depuis sa création, La Fondation des solidarités urbaines joue pleinement son rôle de laboratoire des bailleurs sociaux de la Ville de Paris, qui n’est autre qu’un laboratoire d’innovation sociale : 

  • elle soutient exclusivement des expérimentations et des recherches-actions ;
  • elle donne les moyens aux porteurs de projets de tester in situ et d’évaluer des solutions innovantes pour faire de la ville un lieu plus solidaire, collaboratif et durable ;
  • entre 2020 et 2023, elle a mené 5 appels à projets qui ont permis de soutenir une trentaine d’expérimentations et recherches-actions portées par des organismes d’intérêt général en Ile-de-France.

Parce que la production de résultats et d’enseignements est un objectif en soi du processus expérimental, ce plan de communication permet à la Fondation des solidarités urbaines de jouer son rôle de laboratoire jusqu’au bout en favorisant leur partage. 

Son but est d’ouvrir des canaux pour diffuser la connaissance et l’expérience acquises aux parties prenantes des bailleurs sociaux de la Ville de Paris, et plus généralement tous les acteurs associatifs ou institutionnels qui s’intéressent aux enjeux de la ville solidaire. 

Pour ce projet, l’équipe Assemble a mobilisé ses savoir-faire en stratégie de communication, conception éditoriale, recherche et coordination de partenaires, gestion de projet.

Assemble rejoint le collectif 1% for the Planet

1% for the planet
31/01/2024

Temps de lecture estimé à 2min

Assemble rejoint le collectif 1% for the Planet

Début 2024, Assemble est devenue membre du collectif 1% for the Planet. Nous nous sommes ainsi engagées à reverser 1% de notre chiffre d’affaires annuel au profit d’associations environnementales agréées.

L’environnement reste un domaine d’engagement minoritaire chez les mécènes en France, avec seulement 9% de la part du budget mécénat des entreprises (Source : Baromètre Admical 2022).  

Chez Assemble, nous souhaitons nous engager, à notre échelle, pour l’environnement. En ce début d’année, nous sommes heureuses d’annoncer que nous avons rejoint 1% for the Planet France.

Nous faisons ce choix parce que la force du collectif est un véritable levier d’action pour cibler une multitude d’enjeux environnementaux en soutenant des associations agréées, expertes dans leurs domaines :

  • climat
  • alimentation
  • espaces naturels
  • pollution
  • eau
  • vie sauvage

Créée en 2002 aux Etats-Unis par Yvon Chouinard, fondateur et propriétaire de Patagonia, et Craig Mathews, ex-propriétaire de Blue Ribbon Flies, 1% for the Planet a été imaginé pour devenir un réseau capable de rassembler les entreprises philanthropes, avec un label facilement reconnaissable et au message simple.

Aujourd’hui, ce réseau compte plus de 6 000 membres dans le monde, dont 1 200 en France, et plus de 5 000 associations agréées dans 91 pays. Depuis sa création, plus de 450 millions de dollars ont été consacrés à des associations environnementales.

Nous sommes ravies de rejoindre le collectif qui fête cette année ses 10 ans dans l’hexagone.  
Pour en savoir plus sur le collectif : www.onepercentfortheplanet.fr